Calendrier de l'Avent 23/26 - W comme www.materialflows.net

Et aujourd’hui pour la lettre W je vous propose de partager le site internet que j’utilise le plus souvent pour faire des présentations et donner cours. Il s’appelle www.materialflows.net.

A l’intérieur de ce site nous pouvons visualiser une base de données qui nous informe sur combien chaque pays extraie, importe et exporte des ressources tous les ans depuis 1970. On peut ainsi comparer la consommation de différents pays et développer par exemple ce qu’on appelle des profils métaboliques.

Par exemple, nous avons des pays net importateurs de ressources, d’autres exportateurs de ressources. Des pays qui construisent des infrastructures et du coup qui extraient énormément de matériaux de construction, alors que d’autres qui ont déjà construit leurs stocks et qui principalement le maintiennent et l’utilisent.

Par exemple, étudions le cas de la Chine. Nous voyons que la Chine est responsable d’environ un tiers de l’extraction mondiale donc 33 milliards de tonnes sur les environ 100 milliards de tonnes. Cela revient à 23 tonnes par personne en Chine contre 12 tonnes par personne au niveau mondial. La majorité de cette extraction est utilisée pour construire des routes, des bâtiments, des barrages, bref des infrastructures.

Nous pouvons aussi voir que la Chine importe qu’un dixième de combien elle extraie et que ses importations sont surtout des métaux et des combustibles fossiles. Ce qui est le plus surprenant, c’est quand on regarde les exportations de la Chine. Nous pensons tou.tes que la Chine est l’usine du monde et que du coup elle devrait exporter une quantité impressionnant de matériaux. Détrompez vous. La Chine n’exporte qu’un quarantième (1/40) de la quantité qu’elle extraie. La Chine n’exporte qu’un quart de ce qu’elle importe. Il s’agit donc d’un pays net importateur.

Si nous faisons le même exercice pour la France les résultats sont très différents. La France n’extraie que 700 000 millions de tonnes par an ou environ 11 t/pers et que cette quantité et plutôt stable depuis 50 ans. Cette quantité est bien moindre car une bonne partie du stock est déjà construit et les extractions servent pour le maintenir ainsi que pour les nouvelles constructions.

Au niveau des importations et des exportations nous voyons qu’elles se rapprochent des 200 millions de tonnes par an et que la France importe quasi autant qu’elle exporte. Rappelons par contre qu’il s’agit ici des importations directes. Si nous comptons également les importations indirectes, c’est-à-dire toutes les ressources mobilisées tout le long de chaîne de valeur depuis l’extraction à la consommation, cette valeur serait plus proche des 675 millions (3x plus).

Nous pourrions multiplier les exemples pour comprendre comment fonctionne le métabolisme de différents pays et différentes économies. Cette analyse est précieuse car elle souligne premièrement le socle physique de nos sociétés. Puis cette analyse nous permet de comprendre que tous les pays ne se trouvent pas dans les mêmes phases de saturation de stock et donc elles ont plus ou moins besoin d’extraction pour construire ce stock de départ. Et puis finalement, nous pouvons aussi apprendre que différents pays ont différents moyens de satistifaire les besoins locaux avec des empreintes matérielles très différentes ce qui peut être une source d’inspiration sur comment dématérialiser nos économies.

Allez à demain pour la lettre X ✌